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 Evaluation de l'impact de la mise à disposition de fruits et légumes frais auprès de bénéficiaires de l'aide alimentaire

Photo : © Aymeric Warmé-JanvilleIntervention de Eric BIRLOUEZ, sociologue, cabinet EPISTEME, ayant réalisé en partenariat avec l'A.N.D.E.S cette étude pour le compte du Haut Commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté (Synthèse librement adaptée de l'intervention retranscrite)

Depuis avril 2008, l'A.N.D.E.S met à disposition de bénéficiaires de l'aide alimentaire d'Ile-de-France des fruits et légumes frais collectés sur le MIN de Rungis.
L'étude réalisée visait à déterminer si le dispositif se traduisait par un accroissement de la consommation des fruits et légumes frais, reconnus comme facteurs-clés d'alimentation équilibrée et de santé, et à apprécier l'intérêt d'actions d'accompagnement susceptibles de renforcer l'impact de cette mise à disposition.
Une enquête quantitative de grande ampleur a été mise en place pour procéder à des comparaisons entre un groupe "témoin" (personnes ne bénéficiant pas de fruits et légumes frais au sein de la structure) et un groupe "intervention" (personnes se voyant proposer ces produits par la structure), chaque groupe présentant des caractéristiques socio-démographiques similaires.
Pour le second volet, la méthodologie a reposé sur la conduite d'entretiens semi-directifs auprès de personnes ayant animé ce type d'actions et auprès d'usagers en ayant bénéficié.

Résultats des enquêtes quantitatives
La mise à disposition gratuite ou à faible prix de fruits et légumes frais se traduit par une hausse de la fréquence de consommation de ces aliments. L’impact du dispositif ne se limite donc pas à la simple substitution d’une source d’approvisionnement par une autre, moins coûteuse ou gratuite (l’épicerie sociale ou le colis). Ces résultats montrent clairement l’intérêt, pour accroître la consommation de fruits et de légumes frais par les populations démunies, d’étendre le dispositif auprès de tous les bénéficiaires de l’aide alimentaire, sur l’ensemble du territoire national.   
→ Retrouvez le détail des résultats de l'enquête en téléchargeant sur notre site la présentation effectuée lors des 4ème Rencontres 

Les ateliers culinaires
Idéalement, la proposition d’un programme d’ateliers culinaires devrait toujours accompagner la mise à disposition de fruits et de légumes frais par les structures d’aide alimentaire. Mais cela suppose d’apporter des réponses aux contraintes et limites (matérielles, humaines, financières) rencontrées sur le terrain. Ainsi, les ressources du quartier ou de la commune devront parfois être mobilisées pour pallier l’insuffisance, au sein des associations d’aide alimentaire, de locaux, équipements ou matériels adaptés.
Une autre limite est liée au faible pourcentage d’usagers susceptibles d’accepter spontanément de participer aux actions d’accompagnement. Ce constat renvoie à la nécessité de réfléchir à des « stratégies d’implication » pour motiver (sur la durée) ces publics à s’engager dans les actions proposées.
Enfin, il conviendra de poursuivre les efforts de formation des salariés et bénévoles des associations. Cette formation ne devra pas se limiter aux seuls aspects d’organisation et d’animation des ateliers mais permettre également une meilleure compréhension des spécificités et de l’hétérogénéité (notamment culturelle) du public visé. Elle devra aussi prendre en compte la dimension éthique de l’accompagnement des personnes en situation de précarité (en aidant salariés et bénévoles à prendre conscience de leurs propres représentations, motivations personnelles, cadre de références culturelles, etc). 
 
Photo : © Aymeric Warmé-Janville